mardi 26 mars 2013

BIC, UNE STAR DE REVE QUI CHANTE LA VIE Après environ 12 ans de carrière en tant que musicien professionnel, Roosevelt Saillant de son nom d’artiste BIC, s’apprête à signer en octobre prochain le 5e album de son actif. « Kreyòl chante Kreyòl konprann » volume II, sous-titré : « Nou byen mal », deuxième partie de cet album solo résolument créole, dont le premier paru en 2010, fait encore le bonheur d’un nombre incalculable de personnes d’ici et d’ailleurs. Depuis son aventure à succès avec le groupe Flex en 1999, BIC s’impose avec doigté et savoir-faire parmi les rares musiciens haïtiens de son style, qui tiennent encore bien haut le flambeau de la culture haïtienne à travers la musique. Ils sont en effet légion ceux qui le considèrent comme la référence en chanson créole. Déjà 12 ans de production artistique. Roosevelt Saillant est cet artiste qui apporte du sens et de la quintessence dans l’univers musical haïtien, avec notamment ses chansons créoles. Son talent de créateur, ses qualités intrinsèques, son savoir-faire, ses compositions, ses clips à succès comme (Wow, Viva la vida, Yon ti kalkil, 1+1=1) et sa croyance à la poésie, envoûtent les esprits et conquièrent les cœurs. Il y a évidemment le timbre de sa voix, mais il y a tout aussi bien la force du message porté par BIC et la perspicacité de la thématique traitée. L’album « Kreyòl chante Kreyòl konprann » continue en effet de confirmer le talent incontestable de BIC Tizon dife. À travers cet album solo, Roosevelt Saillant fait, de façon simple, vivante et originale des réflexions sur la vie, mais à une double dimension : sociale et sentimentale. Inspiré de son vécu quotidien et de ses affinités préférentielles, l’artiste allie à la fois les tics sociaux et l’amour au quotidien. En auditionnant ce nouvel opus de BIC, il est difficile de ne pas imaginer l’artiste dans la solitude de ses nébulosités d’insomnie et la fragilité de l’heure évidée, les doigts accrochés à la plume, osant ce corps à corps avec les mots jusqu’à les muer en symbiose dialectique. Lassitude, amour, désillusion, regret, appel au progrès et frustration se dessinent, s’entremêlent et se déballent dans cette œuvre artistique dénouée de toute opacité et de proscription. Quête de justice sociale et réflexions autour des liens sentimentaux se croisent dans ce travail de BIC. Nonobstant, quoique sa quête soit un peu personnelle, elle n’est pas toutefois solitaire. Elle met en résonance des textes de qualité et des mélodies fuselées au rythme de la couleur locale qui ne peut ne pas traverser tout un chacun. Les musiques de l’album Produit par la Compagnie « Tizon Dife Recordz », ce disque comporte 14 titres. Douze textes mis en musique et deux autres magistralement dits respectivement par les diseurs : Frantz Benjamin et André Fouad. 1-Kole zepòl (4 :17), featuring Emeline Michel et Lionel Benjamin, est une musique de Beethova Obas, interprétée par Emmanuel Obas et Emeline Michel, lors du deuxième concours de la compagnie American Airlines en 1988, retravaillée avec beaucoup de dextérité par BIC. Cette musique qui fait appel à l’union et la nécessité de donner la première place à l’éducation, est un honneur, dit l’artiste, qu’il s’offre à lui en la reprenant avec ses nouvelles touches. 2-Alèkile (3 :52), est un texte nostalgique. Une sorte de complainte relative à la déperdition des valeurs morales, culturelles et traditionnelles de la société. 3-Mèsi ticheri doudou (4 :09), featuring Rutshelle Guillaume, est une reconnaissance au côté positif de l’amour. Le bonheur qu’il procure lorsqu’il est bien consommé. 4-Map chache on moun (4 :14), featuring Shedlin Daphnus, fait ressortir la désillusion d’un peuple fatigué aux chantages politiques qui n’ont finalement abouti à rien depuis la naissance du pays. 5-Se lanmè, se dezè (1 :23), un texte poétique écrit et magistralement dit par Frantz Benjamin, un fan inconditionnel de BIC. 6-Kè klete (4 :16), featuring Master Luck, est un message à travers lequel BIC appelle les filles sentimentalement souffrantes à ouvrir leur cœur à l’amour. 7-Prensip sou prensip (3 :46), featuring Alvarez Nickson, musique qui encourage les gens au respect des principes de la vie et ceux de la société. 8-Ann pote (3 :05), featuring Herby François, Neyssa Richemont, est un texte conjoncturel écrit par Jeudi Numa. C’est une musique qui fait appel au regroupement communautaire. Souci premier : réhabilitation de la ville en état de délabrement avancé. 9-Reponn (3 :30), featuring Emeline Michel, ce texte se veut un véritable auto-questionnement sur l’agir en société. Mais l’objectif majeur de ces questionnements consiste à trouver des réponses susceptibles de changer le court des choses. 10-Mkase ti mo (1 :05), un texte poétique écrit et dit par le poète André Fouad. 11-Sousi (3 :16), cette musique se présente comme une vraie confession d’un conjoint à sa conjointe pour son indisponibilité par rapport à ses occupations. 12-Nou byen mal (4 :20), featuring Abojha, Thalia Maudcarlissa, est une réflexion philosophique de la vie. L’artiste y prône l’équilibre entre le bien et le mal. Deux forces de la nature, incontournables dans la vie de l’homme. 13-Tounen (4 :15), featuring Mandela, est un aveu et une reconquête d’un amour perdu. 14-Pwen final (4 :20), featuring Steve Khé, est une réflexion sur le sens et l’essence de la mort qui constitue, d’après BIC, le point final de l’existence sur terre. Le dernier disque de BIC Tizon dife opère en effet la transmutation dans les mots sans chuter dans les effets de style ni les amusements injustifiés, où les chansons s’abîment à force d’être autoréférentielles. Quant aux textes très métaphoriques, il en a pris la précaution de bien travailler le signifiant avec un souci inouï de produire du sens dans la vibration des signes.

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